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Eaux noires ou eaux grises?
La consommation d’eau au Québec
Pourquoi économiser l’eau potable?
Pourquoi recycler l’eau grise?
Comment recycler l’eau grise?
Les précautions avec les eaux grises
Installation de l’ECOVISION

La compagnie québécoise AQUARTIS vient de mettre en marché son système de récupération et de traitement des eaux grises pour les habitations unifamiliales, les multilogements, hôtels et toutes formes d’hébergement.

Il s’agit d’une percée technologique majeure. Contrairement aux anciens systèmes de traitement d’eau grise, le produit ECOVISION est géré par une carte électronique et il est entièrement automatique.
– il produit une eau claire et sans odeur
– il n’a aucun filtre à nettoyer ou remplacer. Un entretien est toutefois nécessaire à tous les trois mois par l’utilisateur.
– il a un compteur d’eaux grises permettant de chiffrer les économies
– en cas de manque d’eau grise il utilise l’eau potable automatiquement
– aucune action n’est nécessaire lors de panne de courant électrique
– il a une faible consommation d’électricité
– il offre en option un échangeur de chaleur pour réchauffer l’eau froide qui entre dans le bâtiment et qui approvisionne le chauffe-eau.

Eaux noires ou eaux grises ?
On appelle eaux noires, les eaux contenant de l’urine et des matières fécales. Ce sont essentiellement les eaux en provenance des toilettes. On estime que cette eau représente environ 30% de la consommation d’eau d’une résidence.

On appelle eaux grises, les eaux en provenance des douches, des bains et des lavabos. Les eaux grises peuvent être traitées avec des filtres et du chlore pour les rendre réutilisables comme eau pour la toilette ou l’arrosage des plantes intérieures et extérieures. On estime que cette eau représente environ 70% de la consommation d’eau d’une résidence.

La consommation d’eau au Québec
Selon le Ministère du Développement durable, Environnement, Faune et Parcs du Québec (MDDEP), on estime que les municipalités produisent 750 litres d’eau potable par personne par jour et que le Québécois moyen consomme environ 400 litres d’eau potable par jour. La différence provenant des pertes dans le réseau et l’usage industriel de l’eau.

Cependant, ces quantités ne tiennent pas compte des nouvelles pratiques d’utilisation :
– des toilettes économes en eau utilisant de 3 à 6 litres par vidange plutôt que 13 à 20 litres
– des réducteurs de débits pour les robinets de lavabos et pommeaux de douches
– des nouvelles lessiveuses et nouveaux lave-vaisselles utilisant 50% moins d’eau.

Voilà pourquoi j’estime que la consommation d’eau potable d’une maison avec des équipements économes en eau et dont les occupants prennent des douches, plutôt que des bains, est de 200 à 250 litres par personne par jour.

Pourquoi économiser l’eau potable?
Le traitement de l’eau potable et son transport est coûteux pour une municipalité et toute l’eau consommée doit ensuite être traitée par une usine d’épuration. Toute réduction de consommation est donc bénéfique pour réduire les frais relatifs à la consommation d’eau.
Il en résulte donc des économies globales qui devraient se répercuter sur la taxe d’eau municipale ou le tarif de l’eau potable.

Le rejet des eaux usées constitue aussi une perte d’énergie importante, donc des frais de chauffage. Il faut 1000 calories pour élever un litre d’eau de 1 degré Celsius. En hiver, toute l’eau potable entre dans votre maison à environ 3’C et ressort à environ 18’C. Cela signifie une perte de 15’C. L’élévation de température provient principalement de la chaleur de la maison qui réchauffe l’eau circulant dans la tuyauterie d’alimentation et de drainage.
Pour une famille de 4 personnes rejetant 1000 litres par jour, cela représente 1000 litres X 1000 calories X 15’C = 15 000 000 calories ou 17,5 kwh ou 1,40$ par jour (Au coût de 8 cents le kwh). Considérant une période de chauffage de 200 jours par année au Québec, il s’agit d’un montant annuel de 280$.

Que ce soit pour l’économie en traitement d’eau potable ou les économies d’énergies, le geste le plus important consiste donc à réduire sa consommation au maximum avant d’entreprendre la récupération de ses eaux grises.

Pourquoi recycler l’eau grise?
En réutilisant l’eau grise pour les toilettes, on économise 30% des besoins en eau potable.

Éventuellement, il serait possible de recycler l’eau pour la réutiliser dans la douche et la lessive, mais pour l’instant, aucun système n’est approuvé pour cet usage en Amérique du Nord ou en Europe pour des raisons d’hygiène.

La réduction de la consommation d’eau potable et de rejets d’eaux usées permet aussi:
– d’augmenter la durée de vie des champs d’épurations
– d’arroser la pelouse ou le jardin lors d’interdiction d’arrosage en été
– de réduire la prise d’eau dans les puits artésiens surexploités.
– obtenir des points pour la certification LEED

Comment recycler l’eau grise
La collecte de l’eau grise nécessite généralement :
– l’installation d’une double tuyauterie de drainage : une pour les eaux grises et une autre pour les eaux noires
– un filtre média (physique) pour les eaux grises
– un traitement bactériologique des eaux grises filtrées
– un réservoir pour les eaux grises traitées
– une pompe et des tuyaux d’alimentation pour retourner les eaux grises vers les toilettes et les robinets dédiés à l’arrosage

Les précautions avec les eaux grises
Les eaux grises non traitées contiennent :
– des coliformes provenant principalement des bains et des douches
– des savons, détergents, eau de javel et autres produits nettoyants
– des fibres de vêtements, poussières, graisses, matières organiques et inorganiques
– des bactéries comme la Legionella, et autres.

Plus les eaux grises contiendront des polluants ou des matières organiques et inorganiques, plus l’eau traitée pourra se corrompre rapidement. Il est donc recommandé :
– d’utiliser rapidement l’eau grise traitée car les bactéries peuvent proliférer dans le réservoir
– éviter les détergents et javellisants, utilisez des produits nettoyants biodégradables
– identifier les robinets d’eau grise traitée comme eau non potable.

Les avantages de l’ECOVISION
Généralement, les eaux grises traitées demeurent non potables et potentiellement dangereuses. Toute eau grise peut contenir des agents pathogènes et ne devrait pas être vaporisée afin d’éliminer le danger d’inhalation de vapeurs d’eau.
Devant ce constat, Santé Canada a publié «Les recommandations canadiennes sur les eaux domestiques recyclées» en janvier 2010. Voir http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/water-eau/reclaimed_water-eaux_recyclees/index-fra.php

Cependant, le système ECOVISION est un traitement beaucoup plus évolué, conçu pour excéder ces recommandations.
L’eau grise traitée demeure non-potable, mais son procédé de traitement d’eau permet d’obtenir une eau claire et pratiquement dépourvue de bactéries dangereuses. Des résultats d’analyse bactériologique du laboratoire indépendant SM ont démontré:
– Escherichia coli : 0 UFC/100ml
– Coliformes : 0 UFC/100ml
– Colonies atypiques : 0 UFC/100ml
– Enterocoques : 0 UFC/100ml
De plus, lorsque l’eau grise recyclée quitte l’appareil en direction des toilettes, elle contient un niveau de chlore résiduel variant entre 2 et 4 ppm, ce qui la protège jusqu’à ce qu’elle soit envoyée dans les égouts. Cette eau ne présente donc aucun risque pour la sécurité des enfants ou des animaux de compagnie.

Installation de l’ECOVISION
Il s’agit d’un système relativement volumineux mais facile d’installation.

Il nécessite un branchement de 3/4 de pouce pour l’alimentation d’eau potable et la sortie d’eau grise traitée ainsi qu’un tuyau ABS de 3 pouces pour la collecte des eaux grises.

L’appareil émet un bruit équivalent à un réfrigérateur (environ 58 décibels). Il est donc préférable de le mettre dans un espace de rangement ou d’atelier au sous-sol.

Son prix. Pour l’instant, le produit est coûteux et s’applique surtout aux multilogements et aux centres d’hébergement désirant obtenir la certification LEED.
Comme exemple, le prix de l’ECOVISION-250 est de 8 400$ (+ taxes), incluant l’appareil, la livraison et la mise en marche (des frais supplémentaires s’appliquent si le client est situé à plus de 200 km de Montréal). Le prix du module de récupération de chaleur (offert en option) est de 950$ (+ taxes).

Yves Perrier
2015/11/12