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Urinoirs sans eau
Urinoirs à l’huile
Urinoirs à enzymes
Bienfaits des urinoirs secs
Céramique, ABS, Polycarbonate, Acier inox

Les urinoirs sans eau ne sont pas très populaires au Québec. Leur principale qualité est d’économiser l’eau potable et notre eau est gratuite… pour le moment.

Aux États-Unis, en Europe et partout où l’eau potable se paie au litre consommé les urinoirs sans eau sont utilisés depuis la fin des années 90. Jusqu’à récemment, leur usage n’était pas toujours apprécié. On leur reprochait souvent de sentir mauvais et d’être très coûteux en produits d’entretien.

Au Québec, la compagnie Rubbermaid distribuait en 2012 l’urinoir EcoUrinal fonctionnant avec des enzymes pour la digestion de l’urine. Après deux ans d’essais, il semble que le produit ne répond pas aux exigences des clients et la production semble terminée.

Pour l’instant, une technologie européenne avec membrane et enzymes semble se distinguer de l’ancienne technologie à l’huile. Le produit n’est pas encore disponible au Québec mais c’est une bonne nouvelle pour le futur et pour la réduction de la consommation d’eau potable.

La technologie courante à l’huile
Cette technologie utilisée par plusieurs fabricants d’urinoirs comme American Standard, Kholer, Sloan, Falcon et Waterless aux États-Unis et par Uridan en Europe utilise de l’huile comme bouchon pour bloquer le retour des odeurs d’urine. En théorie, l’huile est plus légère que l’urine et elle flotte en surface formant un bouchon contre les odeurs.

En pratique toutefois, l’huile peut être contaminée par l’urine et le système peut devenir nauséabond s’il n’est pas bien entretenu. De plus, les fabricants vendent leur huile à un prix très élevé qui peut représenter plus de 150$ par année pour un usage commercial normal.

Dans les années 2000, il s’en est installé une centaine de milliers au Canada, en Europe et aux États-Unis. Partout le constat semble partagé. Dans les forums d’utilisateurs, de plombiers et de professionnels du bâtiment la majorité des intervenants dénoncent les coûts exorbitants et les mauvaises odeurs de ces systèmes. Par contre, plusieurs les défendent en disant que ces problèmes sont causés par un mauvais entretien.

Le constat pour le moment est que ces urinoirs nécessitent:
– un bon entretien régulier pour nettoyer les tuyaux des dépôts solides laissés par les urines
– une tuyauterie en ABS ou en PVC car l’urine pure attaque rapidement le cuivre et la fonte
– des tuyaux d’évacuation ayant une pente minimale de 0,25 pouce par pied (1/50).

Urinoirs avec enzymes
En Amérique du Nord, la compagnie Rubbermaid a mis au point une cartouche avec tablette d’enzymes qui fonctionne sans huile. J’en ai fait un reportage en 2013 où, après un an de service, le centre sportif YMCA du Centre-Ville de Montréal s’en disait très satisfait. Malheureusement, après une légère augmentation du nombre d’utilisateurs, le produit a présenté des problèmes d’odeurs et la direction du YMCA a décidé de les faire enlever.
La production et la distribution du produit est pour l’instant remise en question chez le fabricant.

Entretien quotidien.
Les urinoirs sans eau ne sont pas sans entretien. Chaque jour, il est nécessaire de vaporisé une ou deux fois un produit nettoyant biologique sur la paroi de l’urinoir pour la nettoyer. Le nombre de fois dépend du nombre d’utilisateurs. Une fois par mois il est nécessaire de nettoyer les conduits à l’aide d’un produit désincrustant comme le Nu-BioScrub pour éliminer les résidus de savons et de tartre (calcaire).

En France, le fabricant Vision Verte a développé une technologie à membrane réactive qui semble efficace. Les commentaires dans les forums d’utilisateurs sont plutôt élogieux et les urinoirs sans eau de Vision Verte sont installés dans des lieux publics d’importance comme des foires commerciales, des stades et des restaurants dont McDonald’s.

Ce système nécessite aussi un entretien et le remplacement périodique de la membrane ainsi que l’usage de tablettes d’enzymes en fonction de son usage.

Bienfaits des urinoirs secs
L’utilisation de l’eau potable pour l’usage des urinoirs et des toilettes n’est pas anodin. Les toilettes à chasse d’eau consomment jusqu’à 40% de l’eau potable dans une maison, incluant son usage comme urinoir. Les toilettes à double chasse (3 ou 6 litres) utilise tout de même 3 litres d’eau pour évacuer l’urine. Dans une maison, l’urinoir sans eau est relativement coûteux car il ne sert que pour 50% de la population (les mâles).

Dans les lieux publiques, ce sont les urinoirs qui consomment le plus d’eau potable. Un urinoir standard consomme 1 gallon US d’eau par utilisation. Il existe maintenant des urinoirs pouvant consommer seulement 0,125 gallon US d’eau par utilisation mais dans des lieux très passants cette consommation n’est pas négligeable.

Tous les fabricants utilisent la même information à l’effet qu’un urinoir sans eau économise jusqu’à 40 000 gallons d’eau par urinoir chaque année. Cette affirmation est bien sûr très tendancieuse et concerne le remplacement d’urinoirs à forte consommation dans des lieux très passants.

Certification LEED. Les économies d’eau potable réalisées par l’utilisation d’urinoirs sans eau permettent d’obtenir des points LEED pour la certification d’immeuble écologique.

OK pour fosses septiques. Les enzymes sont bénéfiques aux fosses septiques et aux champs d’épuration car elle augmentent la dégradation naturelle des urines et excréments.

Céramique, plastique ou acier inoxydable?
En Amérique du Nord, la presque totalité des urinoirs sont faits de céramique émaillée. Ce produit semble pour le moment le meilleur rapport qualité/prix.

Il existe en Europe et ailleurs dans le monde des urinoirs en plastiques moulés d’ABS ou polycarbonates. Ces urinoirs ont l’avantage d’être beaucoup plus légers mais ils sont plus fragiles aux chocs et ils se tachent après quelques années. En effet, même en prenant des produits d’entretien doux recommandés par les fabricants il finit par se créer des micros-égratignures qui peu à peu se salissent.

Les produits en acier inoxydable de bonne qualité (pas les produits économiques en provenance de Chine) pourraient mieux résister mais ils sont trois fois plus coûteux que la céramique.

Presque sans odeurs ?
La perception des odeurs peut-être différente d’un individu à un autre et d’une culture à l’autre. En Amérique, la moindre odeur est perçue comme agressante, voire malsaine. Jusqu’à maintenant, aucun système d’urinoir sans eau n’a réussi à s’imposer en Amérique du Nord comme une réelle solution « sans odeur ».

Par Yves Perrier
2015/11/11