Quiconque a visité Londres ou Amsterdam sait que les concepts de maison étroite, de maison longue ou de maison « verticale » n’est pas nouveau. La maison la plus étroite d’Amsterdam fait 2 mètres de largeur et bon nombre de maisons londoniennes font moins de 4 mètres de largeur.

En 1990, l’architecte Avi Friedman de l’Université McGill à Montréal proposait « la maison redécouverte »: un modèle de maison étroite de 14 à 16 pieds de largeur pouvant se présenter sous forme de condominiums, de duplex ou de maison unifamiliale.

Plusieurs condos furent bâtis à Montréal avec ce concept et un développement écologique de banlieue exemplaire fut élaboré pour le projet La forêt de Marie-Victorin à Saint-Nicolas près de Québec où des modèles en duplex et unifamiliales étaient proposés. Le projet n’a malheureusement pas été réalisé.

S’adapter à la contrainte
Le design d’une maison étroite, à la verticale ou en longueur, n’a rien d’idéal mais il a ceci de bon: la contrainte du design est tellement forte que la solution d’aménagement s’impose parfois par elle-même.

Néanmoins on retrouve de nombreux exemples d’aménagements démontrant l’habilité de certains architectes à utiliser une contrainte de manière créative et inspirante qui brisent notre perception de ce que doit être une maison agréable ou une pièce confortable.

Les raisons environnementales
Construire en hauteur permet une densification de la population qui a son tour encourage l’établissement de services locaux communautaires et écologiques: transport en commun, commerces de proximité, services à domicile, auto-partage, etc.

La densification peut aussi permettre des économies de matériaux, des économies d’entretien et des économies d’énergies importantes si les habitations partagent des murs communs (townhouses).

Des contraintes urbanistiques
Les exigences architecturales des plans d’urbanisme des villes cherchent à intégrer les façades des immeubles à l’architecture des immeubles existants à proximité.

Cette approche d’intégration architecturale est légitime dans les villes car elle vise à considérer la rue comme une façade et non pas chaque immeuble individuellement. Par contre, cela limite fortement les possibilités de design tant pour le choix des matériaux que la forme des fenêtres ou la hauteur des étages.

Des contraintes de circulation
Dans une maison étroite il ne doit pas y avoir de corridor fermé. On circule au coeur des pièces pour passer d’une à l’autre ce qui a un impact sur l’aménagement.

La circulation verticale par l’escalier est généralement située au centre de la maison pour réduire ce problème. L’escalier central donne accès à la pièce avant et à la pièce arrière ainsi qu’à une salle de bains ou une pièce centrale ouverte sans fenêtre.

Pour utiliser au maximum la circulation verticale centrale et réduire la circulation horizontale, l’entrée principale de la maison se fait parfois par le dessous, laissant le rez-de-chaussée pour le garage et des pièces utilitaires ou de rangement .

Des contraintes de lumière naturelle
Dans les espaces exigus, il est important d’avoir beaucoup de lumière naturelle pour contrer le sentiment d’oppression.

On utilise généralement des pièces ouvertes, sans murs, avec des dénivellement dans les planchers pour ouvrir l’espace et permettre à la lumière de pénétrer profondément à l’arrière des pièces.

Une utilisation judicieuse des puits de lumière (dans les escaliers en particulier) et des fenêtres de toit est souvent essentielle pour permettre à la lumière d’envahir l’espace. L’utilisation de peintures claires et de miroirs augmente à la fois la luminosité intérieure et le sentiment de décloisonnement.

Voir aussi: Maison redécouverte

Yves Perrier

2015/09/18