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ToggleDesign contemporain et architecture durable : la maison vague
Cette maison fut conçue par l’architecte Patrick Nadeau et réalisée en 2013 dans la commune de Sillery à proximité de Reims, en France.
Elle est située dans le lotissement « La Haute Ville », à Sillery près de Reims. Il s’agit d’une maison expérimentale du programme « Maisons 2020 » initié par le bailleur social Plurial l’Effort Rémois.
Douze habitations de caractère social et/ou écologique furent construites à titre de maisons témoins à l’intérieur d’un projet immobilier de 63 lots à construire.
La forme simple et bioclimatique de la maison « Vague » est séduisante par sa courbure naturelle et son toit-butte végétalisé ainsi que ses murs solaires entièrement vitrés. Son intérieur est vaste, aérien et lumineux.
Cependant, si l’objectif du programme était de créer des maisons économiquement abordables, je doute que cette maison de deux chambres à coucher faisant 95 mètres carrés ait atteint cet objectif.
Pour les Québécois qui rêveraient d’appliquer ce design à notre climat froid je crains fortement pour la survie d’un tel toit végétalisé.
Une coque végétale sur un plateau
Il faut d’abord rendre hommage à la beauté du concept. La Maison-vague s’insère magnifiquement dans un contexte naturel. De plus, elle est déposée sur un plateau végétalisé qui ceinture la maison, servant à la fois de promontoire et de banc. Cette maison lourde semble flotter au-dessus du sol.
Cela dit, on peut questionner la présence architecturale de cette forme dans un contexte de banlieue. De plus, cette approche utilise beaucoup de terrain latéral. Dans un contexte économique de banlieue ou de village, la dimension du terrain et particulièrement sa largeur sur une voie publique influence grandement le coût du projet et les taxes annuelles.
Un immeuble à haute efficacité ?
Il y a peu d’informations sur l’efficacité énergétique prévue du projet. Par contre, cette maison comporte un grand nombre de caractéristiques qui devraient en faire un projet à haute efficacité.
Il y a d’abord un apport un solaire passif évident en façade qui vient réchauffer directement la dalle de béton du rez-de-chaussée.
Il y a ensuite sa coque fortement isolée de même que les murs verticaux isolés et recouverts de polycarbonate étanche. Ce polycarbonate permet de chauffer les murs isolés et de réduire partiellement les déperditions thermiques tout en ajoutant une lame d’air isolante.
La forme compacte de l’habitation réduit aussi ses déperditions thermiques.
Finalement, l’apport d’un toit végétalisé est relativement faible du point de vue de la conservation d’énergie mais il garantie l’étanchéité à l’air de toute la coque et il la maintient au frais durant l’été.
Le toit végétalisé
La végétalisation du toit a été conçue par l’entreprise Écovégétal. La très forte pente exige une technologie particulière pour maintenir la terre en place lors de fortes pluies tout en créant une bonne rétention d’eau pour les plantes.
Ce défi technique demeure encore à être démontré. Malgré une bonne sélection des plantes pour terrains secs (sédums, graminées, thyms, lavandes et autres petites vivaces) un système d’arrosage automatique sera nécessaire pour les périodes de forte sécheresse où on demande aux citoyens d’économiser l’eau.
Pour que ce toit soit «écologique», il faudrait au moins que cette irrigation soit faite à partir d’eaux ménagères recyclées ou de bassins de captation des eaux de pluie.
Ce toit végétalisé peut avoir un aspect environnemental positif dans la mesure où il contribue à la biodiversité des plantes, des insectes et des oiseaux par son caractère de terrain en friche. Cependant, malgré son caractère de terrain-vague, il demandera tout de même un entretien régulier pour éliminer les mauvaises herbes comme l’herbe à poux.
Un design pour le Québec?
Les murs solaires verticaux de polycarbonate sont un point intéressant pouvant s’appliquer au climat québécois dans la mesure où des fenêtres thermos ouvrantes sont positionnées derrière. Le polycarbonate, même à double parois, n’est pas très isolant (R-2) comparativement à un double vitrage thermos à faible émissivité (R-4,3).
Le plateau de ceinture est intéressant pour surélever le niveau du rez-de-chaussée tout en donnant l’illusion d’être au niveau du sol. Cela dit, il faut toujours maintenir un dégagement de 8 pouces (20cm) entre le dessus du plancher et le sol pour éviter la pourriture des murs due à la présence de la neige.
Par contre, la forme en vague ne me semble pas appropriée pour les accumulations de neige. Elle favorise de fortes accumulations du côté Nord-Est opposé au vent dominant du Sud-Ouest.
De plus, sur le faîte du toit, le vent chassera la neige et exposera la végétation aux grands froids. Les plantes auront peu de chance de survie ou s’implanteront trop faiblement pour retenir la terre lors du dégel.
Toutes les photos de cet article appartiennent à l’architecte Patrick Nadeau.