Vauban: l’écoquartier le plus célèbre au monde
L’écoquartier de Vauban dans la ville de Freiburg en Allemagne fêtera ses vingt ans en 2016. Il fut parmi les premiers écoquartiers au monde et demeure encore à ce jour un des exemples les plus réussis d’écoquartier.
Construit en 1996, sur un site immense qui abritait d’anciennes casernes militaires, il accueille près de 5 500 habitants.
Vauban est une réussite écologique en matière énergétique mais aussi pour sa qualité de vie axée sur la réduction des voitures et l’implication des citoyens.
Le manque actuel de mixité sociale est la seule ombre au tableau mais plusieurs initiatives tentent déjà d’y remédier.
Un mode de vie sans voiture
Vauban est surtout devenu célèbre pour son mode de vie sans voiture qui privilégie le transport en commun et la bicyclette. Près de 60 % des habitants de Vauban ne possèdent pas de voiture.
Sur une bonne partie de la zone résidentielle, le zonage interdit la construction de places de stationnement sur les propriétés privées. Les véhicules privés sont garés dans des stationnements municipaux étagés situés à la périphérie de la zone résidentielle.
La circulation dans ces zones du quartier n’est autorisée que pour la livraison ou de très courtes périodes.
Sur la voie principale du quartier la vitesse est limitée à 30 km/h et dans les rues secondaires cette limite tombe à 5km/h, la vitesse d’un piéton.
L’absence de véhicules à la porte est facilitée par un urbanisme de proximité et une haute densité. Les commerces et services sont facilement accessibles à pied ou en vélo.
Pour les plus grandes distances, les habitants peuvent avoir recours à l’association d’auto-partage qui a 1500 membres.
Pour le transport public, deux lignes d’autobus et un tramway relient Vauban au centre ville de Freiburg, situé à 3 km de distance, ainsi qu’à la gare principale et à une grande aire municipale de loisirs.
Une énergie renouvelable et une haute conservation énergétique
L’écoquartier Vauban est conçu pour subvenir à près de 70 % de sa consommation énergétique par le biais de panneaux solaires thermiques (500m2) et photovoltaïques (2500m2) ainsi qu’un réseau de chauffage commun à distance de cogénération fonctionnant aux granules de bois et au gaz. Il faut dire que Freiburg est dans la région la plus ensoleillée d’Allemagne et que les besoins énergétiques en chauffage sont beaucoup moindre qu’au Québec.
Tous les nouveaux bâtiments sont conçus pour consommer un maximum de 65 kWh/m2/année soit quatre fois moins qu’un logement traditionnel.
– 92 unités correspondent à des standards de bâtiments solaires passifs allemands, avec une consommation de 15 kWh/m2/an
– 10 unités produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment
La conservation de l’eau et la protection de l’eau potable
En réduisant les surfaces asphaltées le quartier favorise l’infiltration des eaux de pluie dans le sol sur 80% de la zone résidentielle.
Les toits plats sont couverts de végétaux et de terreau qui absorbent la pluie lors de forts orages afin de ne pas surcharger le système de drainage et permettre l’absorption de la pluie par le sol. Des fossés de rétention sont aménagés partout à titre de collecteurs d’eau de pluie. Collectée dans des citernes, l’eau de pluie peut être utilisée pour le lave-linge, les toilettes ou l’arrosage des jardins.
Pour le traitement des eaux usées, un projet pilote fonctionne avec un nouveau système de bio-épuration : les eaux noires sont aspirées par un système sous vide vers un puits de bio-gaz où les matières solides fermentent en milieu anaérobie avec les déchets organiques ménagers, générant du bio-gaz qui est utilisé pour les cuisinières. Les eaux grises restantes sont nettoyées par des plantes filtrantes et réinjectées dans le cycle de l’eau.
Une participation citoyenne exemplaire
Le quartier Vauban fut réalisé grâce à une forte participation des citoyens dans le cadre d’un forum stimulant la communication, l’interaction et l’intégration des participants. Cette implication citoyenne a fortement influencé l’urbanisme de la ville, ses infrastructures et même son architecture. Le travail social fait partie du processus de développement, aide à stabiliser la communauté et à structurer les relations de voisinage.
Des groupes de propriétaires se sont formés pour partager des biens et services. La coopérative d’habitation Genova a poussé plus loin la vie communautaire en développant une coopérative d’alimentation, un marché fermier, une maison de naissance, des jardins et espaces verts partagés, des écoles et garderies, etc.)
Le développement économique s’installe peu à peu. 600 personnes travaillent maintenant dans le quartier.
Une population relativement homogène
La plupart des habitants du quartier ont entre 30 et 50 ans, sont d’origine allemande et issus de la classe moyenne avec enfants. Cette situation s’explique par le type de personnes désirant s’impliquer dans un tel projet de vie communautaire mais aussi par les difficulté d’accès aux prêts hypothécaires pour les personnes seules ou âgées. 80 % des citoyens sont propriétaires de leur logement et le nombre de logements de type 1-1/2 ou 2-1/2 est assez faible, réduisant le nombre de célibataires.
Par contre, il existe de nouvelles initiatives prometteuses venant encore une fois de la société coopérative d’habitat Genova. Jusqu’à maintenant, elle a construit 73 logements dans des immeubles s’adressant spécifiquement aux personnes âgées et handicapées.
Des locataires à faibles revenus peuvent aujourd’hui habiter en co-location et payer une part de leur loyer par des heures de travail au service du collectif sur une période de trois ans. Six autres anciens immeubles rénovés accueillent près de 600 chambres d’étudiants.
Yves Perrier
2015/09/30
À propos de l’auteur : Yves Perrier
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